Emmanuel Macron a assumé ses propos controversés sur l’état de « mort cérébrale » de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), en appelant, jeudi 28 novembre, l’alliance militaire à se concentrer sur les enjeux stratégiques. Le président français a demandé à ses partenaires une « plus grande implication » dans la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel.
« J’assume totalement d’avoir levé les ambiguïtés », a déclaré le chef de l’Etat français à l’issue d’un entretien d’une heure avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à l’Elysée. Les deux hommes ont affirmé leur volonté d’« assurer le succès » du sommet des dirigeants des 29 pays membres de l’OTAN, qui aura lieu mardi et mercredi prochains à Londres, à l’occasion des 70 ans de l’alliance atlantique.
« Il fallait peut-être un “wake-up call” »
La préparation de cette réunion, à laquelle participera notamment l’Américain Donald Trump, a été troublée par Emmanuel Macron, qui avait déclaré le 7 novembre, dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The Economist : « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN. »
Interrogé sur ses propos, Emmanuel Macron a expliqué les avoir tenus après avoir constaté « une déconnexion criante et inacceptable » lors des deux derniers sommets de l’OTAN, qui « ont été uniquement consacrés à savoir comment on pouvait alléger le coût financier pour les Etats-Unis », de loin le principal contributeur de l’organisation.
Pendant ce temps n’étaient pas « résolues » des questions stratégiques sur « la paix en Europe, la relation avec la Russie, le sujet de la Turquie » ou sur « qui est l’ennemi ? » de l’OTAN, a ajouté le chef de l’Etat, en citant la lutte contre le terrorisme comme une nouvelle priorité pour les alliés. En l’état actuel, a insisté le président français, l’Union européenne (UE) « n’est pas à même de défendre l’Europe » seule et « ne peut se substituer à l’Alliance atlantique ». « Les deux sont les faces d’une même médaille », selon lui.
Une « plus grande implication » au Sahel
Allant dans le même sens, la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait affirmé mercredi que l’UE et l’OTAN n’étaient « pas rivales » mais « complémentaires ». « L’Europe ne peut pas se défendre seule pour le moment », avait également souligné la chancelière Angela Merkel mercredi devant les députés allemands. « Il est important que nous assumions davantage de responsabilités. »
Après la mort de treize soldats français à la suite d’une collision entre deux hélicoptères au Mali, le président a fait savoir qu’il allait réclamer à ses alliés une « plus grande implication » contre « le terrorisme » au Sahel. Où la France, qui y déploie quelque quatre mille cinq cents hommes, « agit pour le compte de tous ».
Il a déclaré être prêt à revoir « toutes les options stratégiques » de la France au Sahel et que, dans ce cadre, « une plus grande implication des alliés serait tout à fait bénéfique. Proclamer son attachement à la sécurité collective ne suffit pas. Une véritable alliance, ce sont des actes, pas des mots », a-t-il ajouté.
Pour Paris, cet appel s’adresse surtout aux autres pays européens, dont certains sont déjà impliqués, comme l’Allemagne et le Danemark, et ne passe pas par le lancement d’une opération de l’OTAN.
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